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quinta-feira, março 28, 2024

”On parle de nous, mais on ne nous donne pas la parole”, dit réfugié auteur de lettre au Parlement

Le soudanais Hamad Gamal, 27 ans, étudiant au Master 2 Sociologie a vu sa lettre aux politiciens viraliser en ligne; Il denonçait la précarité de l’accueil des personnes issues de migration en Europe. Interviewé par MigraMundo pour la Journée Mondiale du Réfugié, Gamal parle de la peur des réfugiés de se manifester et aussi d’une ”diabolisation” faite par les politiciens.

Pour Victória Brotto
À Strasbourg (France)

Une semaine après les elections européennes, Hamad Gamal a envoyé une lettre au Parlement Européen qui demandait le changement des politiques d’accueil des migrants en Europe. Ce serait une simple lettre d’un étudiant bien engagé si ne s’agissait pas d’un étudiant réfugié de 27 ans qui a fuit son pays, le Soudan, à cause de la guerre. Gamal a vécu en Libye (où centaines de migrants sont vendus comme esclaves) et en Italie (après un voyage de trois jours dans un bateau) avant d’arriver en France.

Hamad Gamal est consideré par le Droit International comme réfugié, un status que lui a été conféré par le gouvernement français en 2017. ”En Europe, le terme réfugié n’est plus simplement juridique, mais il est devenu une identité”, dit-il au MigraMundo depuis Lyon (au Sud de la France) oú il désormais habite et étudie.

Dans cet entretien, il parle du devoir des réfugiés et des demandeurs d’asile de lutter pour leur droit, compare les précarietés véicues à Paris et à Tripoli (la capitale de la Lybie) lors de son arrivée, et ainsi il problématise l’ascension des groupes anti-immigration dans la politique européenne aux élections du 26 mai:

MigraMundo: Comment a surgit l’idée d’écrire une lettre au Parlement Européen?


Hamad Gamal: En Europe, on parle beaucop des réfugiés et je me suis dit que il faudrait que les réfugiés prennent la parole pour se battre pour nos droits face aux situations horribles dans lesquelles nous vivons. Donc, J’ai écrit la lettre, mais personne au Parlement m’a répondu. Par contre, j’ai eu pas mal de réponse sur les réseaux sociaux des gens qui soutenait les droits des réfugiés.

MigraMundo: Qu’est-ce que c’est être réfugié aujourd’hui dans le monde (et en Europe, dans votre cas) ?

Hamad Gamal:C’est une question que je me pose tout temps…des fois c’est positif , des fois negatif. Le côté negatif c’est que les politiciens ont diabolisé, ont criminalisé les réfugiés. Et donc c’est dur d’en être un parce que les personnes pensent que soit que tu es le diable soit que tu es un criminel.

Après il y a le problème avec le terme même: en Europe, il est devenu une identité. Mais être réfugié c’est une situation juridique, c’est un terme juridique, mais en Europe il n’est plus juridique, il est identitaire. Si je fais quelque chose, c’est parce que je suis réfugié, entre les amies je suis réfugié, entre les collègues, je suis réfugié. Le terme est beaucoup sensible et les politiciens en utilisent pour gagner des votes avec leur discours contre l’étranger.

MigraMundo: Avec mon expérience comme journaliste, j’ai pu avoir pas mal de contact avec plusieurs demandeurs d’asile et réfugiés en Europe. Alors, j’ai remarqué que la majorité d’entre eux questionnait les violations de leurs droits chez eux, dans leurs pays, mais pas les violations commises dans le pays d’accueil. À votre avis, pourquoi cela arrive-t-il?

Hamad Gamal: C’est une très bonne question. Alors, elle est liée à trois choses: la première c’est la question d’intégration. Les réfugiés arrivent en Europe et ils se sentent dehors du système et quand on est dehors du système on ne comprend rien qui se passe autours de nous. La deuxième chose c’est l’image que les personnes des nos pays ont de l’Europe: à la télé, au cinéma, l’Europe est montrée comme un paradis…et tout ces images restent dans la tête des gens. Mais quand ils arrivent ici, même avec les situations precáires véicues, tous ces images les empêches de voir la réalité.

Quand on écoute sur l’Europe, on voit pas les details, la vie réelle des personnes, la vie quotidienne…on la voit juste comme un rêve.

La troixième chose c’est que la psyché, le côté psycologique. Quand nous avons grandi dans un pays avec un régime dictatorial, nous prennons l’habitude de guarder le silence de tout ce que se passe devant nous. À l’époque dont j’étais à Paris,j’ai dormi dans la rue pendant trois semaines. J’ai appellé donc mes amies (tous demandeurs d’asile) pour leur demander s’ils veulaient se manifester contre telle situation, pour se batter pour nos droits d’être hébergés et etc. Mais quand j’ appelle , ils m’ont dit non: ”Ah non, c’est dangerous, tu vas être attrapé par la police, tu vas perdre ton processus de demande d’asile et tout.” Je leur avais dit que non, que ici ce n’est pas comme dans notre pays. Ici, en Europe, c’est différent, nous pouvons dire ”non” aux injustices, nous pouvons manifester. Mais ils avaient tous peur…

MigraMundo: Quell’est la responsabilité ( ou les responsabilités) de l’Union Europèenne auprès de migrants aujourd’hui?

H.G.: Les responsabilités de l’UE sont, premièrement, de ne pas arrêter les bateaux et non plus les ONGs qui font le sauvetage ( comme fait l’Italie), car cela signifie la mort de beaucoup de migrants. La deuxième chose c’est simplifier les politiques migratoires en Europe qui sont trop compliquées…il faut amener des politiques de protection aux gens qui n’ont pas leurs papiers pendant 4, 5, 10 ans…ils sont complètement dehors de la vie dans les pays d’accueil pour cela. Ils ont peur d’essayer de régulariser leur situation et peur d’être emprisonnés.

Troisième chose: l’Europe a ses responsabilités vis-à-vis des migrants vendus comme esclave au Lybie, par exemple… les migrants vivent ajourd’hui des situations horribles. Moi, je suis resté en Lybie pendant six mois…c’était une situation très horrible. Vous n’imaginez même pas ce qu’arrive là-bas, les personnes sont vendues comme esclave pour un SMIC , il y a des migrants emprisonnés pendant deux, trois ans qui n’ont rien fait pour être en prison.

MigraMundo: Dans votre lettre au Parlement, vous avez cité toutes les difficultés véicues à Paris en tant que demandeur d’asile. Et vous avez également parlé des enormes difficultés rencontrées à Tripoli, la capitale de la Lybie. Pouvons-nous faire quelque sort de comparaison entre les precarités véicues dans les deux villes?

H.G.: La situation en Lybie est très difficile, il y a des guerres partout. Après que j’ai fuit mon pays, le Sudan, je suis allé à Tripoli et c’était une période trop difficile. Je suis allé à Lybie pour échapper de la guerre dans mon pays, en pensant que serait plus tranquille là-bas, mais quand j’y suis arrivé j’ai bientôt compris que non…que c’était plus horrible, que c’était pire à Tripoli.

Donc, j’en ai fuis à l’Italie en prennant un bateau. Et là il a commencé l’aventure la plus horrible de toute ma vie: un beateau remplis de personnes, il y avait des corps aussi des personnes qui n’ont pas resisté au voyage…on a resté trois jours à la mer avant d’arriver à Sicilie ( Sud d’Italie).

À Paris, je suis arrivé, je suis allé à la Chapelle (Nord de Paris) où je dormais à la rue parce que n’y avait pas de logement disponible…et je n’étais pas seul, il y avait plus de 2,000 personnes comme mois à la rue.

Alors, quand on fait la comparaison… en France je me sentais en securité car il y a la paix ici, il n’y pas les ménaces de morts ni la guèrre. Par contre, au niveau d’accueil à Paris c’était très difficile….très difficile même. Même en Libye, malgré le caos, l’accueil et la condition de vie c’etáit mieux. J’avait où dormir, je dormais tout le jour chez moi, j’avais le droit de travailler que m’a permis de trouver un travail dans un magasin où j’ai été aussi logé.

Mais quand j’arrive à Paris j’ai dû passer pour pas mal de choses: pour prendre la douche, par exemple, il fallait faire la queue pour 2 heures , après pour manger, une heure d’atteinte et en plus à la fin de la journée on dormait à la rue.

MigraMundo: Vous avez écrit que l’avenir des réfugiés dépend des élus au Parlement. Quel est votre avis de l’avenir des réfugiés face aux résultats des éléctions marquée par l’ascension des groupes populiste et contraires aux migrations?

H.G: Je le regrette beaucoup car je connais bien le discours de l’extrême droite, de Marine Le Pen, de Salvini…Ils sont une grande ménace pour notre avenir. Je me soucis plus aujourd’hui de l’avenir des réfugiés en Europe qu’en Afrique.

MigraMundo: Est-ce que les résultats des européennes ne montrent pas l’arrivée d’une mentalité contraire aux migrants, surtout les réfugiés, chez les européens?

H.G: Je ne peux pas dire que c’est une mentalité européenne parce qu’il a beaucoup des personnes qui sont engagées auprès des réfugiés, beaucoup même. Mais il y a une partie des personnes en Europe qui n’aime pas l’arrivée des personnes réfugiées. Les résultats des eléctions au Parlement montre que l’extrême droit est, politiquement, bien plus forte aujourd’hui. Et cela est quelque chose de vraiment grave.

MigraMundo: Dernièrement il y a eut des discriminations dans plusieurs universités en Europe vers les étrangers. Avez-vous véicu quelque situation discriminatoire à l’université pour le fait d’être étranger et réfugié?

H.G: Franchement…pas trop, sauf certaines situations qu’il n’a été vraiment clair si s’agitait d’une discrimination ou bien d’autre chose…Mais à part cela, non, rien. Les personnes à l’université sont plus ouvertes, plus savantes et bien cultivées.

MigraMundo: Aujourd’hui vous étudiez Sociologie à niveau Master 2. Pourquoi avez-vous choisi la Sociologie?

H.G: Au Sudan, j’ai fait des études de Sciences et Statistiques, mais j’ai eu toujours envie d’aller vers quelque chose de plus engagée. Aujourd’hui, au tant qui réfugié, je veux contribuer pour le bien être des autres. Les questions de migration j’en connais bien, car cela a devenu mon identité, je suis dedans. Les études me permettent d’avoir la théorie pour analyser certains phenomènes qui sont plus proches de moi.

J’ai du respect pour la France, toutes les opportunités d’étude trouvées ici m’ont vraiment enrichissit. J’ai essaie le maximum de ne prendre que du positif dans tout ce que m’est arrivé. Sans faire cela, c’est vraiment impossible d’avancer.

MigraMundo: Est-que vous souhaiteriez ajouter quelque chose?

H.G: Premièrement, merci pour m’avoir contacté. C’est très importante votre iniciative de nous donner la parole. Comme j’avais dit avant, même face aux plus grands problèmes, très peu des réfugiés ou des demandeurs d’asile prennent la parole pour s’exprimer et pour se battre pour leurs droits.

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